"Ca m’a fait beaucoup de bien de changer": la nageuse niçoise Lilou Ressencourt se confie avant d'attaquer les championnats du monde cette nuit à Singapour

Un an après les Jeux Olympiques, où elle avait disputé les séries du 4x100m 4 nages mixte, Lilou Ressencourt découvre cette fois les championnats du monde, où elle s’est qualifiée en individuelle (100m et 200m papillon). C’est depuis Jakarta, où elle était en stage avec l’Equipe de France, que la nageuse de l’ONN et étudiante à Berkeley en Californie, a pris le temps d’évoquer sa nouvelle vie américaine.
Quelle est votre ambition sur ces championnats du monde?
Elle est plus importante que l’an passé. Aux JO, je découvrais l’Equipe de France. Là, j’ai des objectifs plus clairs, j’aimerais faire deux demi-finales sur mes deux courses individuelles.
Vous avez obtenu deux titres de championne de France avec deux records personnels (58’02’’ sur le 100m papillon et 2’08’’81 sur le 200m papillon) à Montpellier en juin. ça vous donne de la confiance?
Oui, ça donne de la confiance, c’est rassurant, mais il va falloir nager plus vite aux mondiaux pour aller en demi-finales. C’était dans la lignée de ce que je faisais depuis un an. Je sentais que j’avais fait des progrès aux Etats-Unis et j’ai réussi à les concrétiser en améliorant mes temps de quelques dixièmes.
Aux JO, vous aviez nagé le 4x100m 4 nages mixte, qui avait pris la 4e place. Les relais pourraient faire de vous une médaillée mondiale...
Je vais davantage nager avec les relais, je ferai sûrement les deux relais 4 nages, mais je ne me projette pas tant. Je me tiens prête et ce serait un plaisir, mais les compositions peuvent évoluer jusqu’au dernier moment. A Paris, ce relais avait fini 4e, mais ce ne sont jamais les mêmes courses, plus les mêmes nageurs non plus...
Qu’est-ce que votre année à Berkeley (elle passe un Master en management sportif) vous a apporté?
Beaucoup de choses. Sportivement, j’ai progressé sur des parties où je n’étais pas la meilleure: les parties non nagées, comme les coulées qui sont plus nombreuses dans les bassins en yards (0,914m).
Et, personnellement, ça m’a fait beaucoup de bien de changer. J’ai passé huit très belles années à Nice, et je suis allée jusqu’aux JO avec Fabrice (Pellerin), mais j’avais besoin de changement. C’était la meilleure décision à prendre pour me relancer.
Il y a plus de préparation physique aux Etats-Unis?
Beaucoup plus. C’est la même quantité de musculation qu’en France, mais nous faisons du ‘‘dryland’’ trois fois par saison. A base de gainage, de la PPG (Préparation Physique Généralisée), sans charge.
Etes-vous bilingue?
Je parlais déjà bien anglais parce que j’avais eu des amies étrangères grâce à la natation et j’avais pris des cours avant de partir. Donc l’intégration s’est bien passée. Et puis il y a d’autres nageurs français (Mewen Tomac, Nans Mazellier et Mary-Ambre Moluh). C’était trop cool, ça m’a permis de les découvrir davantage, on pouvait partager notre expérience.
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué aux Etats-Unis?
Je ne vais pas être très originale, mais la nourriture. On ne mange pas aussi mal que ce que je pensais, je peux cuisiner comme je l’entends, mais je ne retrouve pas les viennoiseries, fromages, apéritifs. Bref, ce qui est très français. En France, on a un amour pour la nourriture que peu de pays ont. Et, bien sûr, mes proches me manquent, mais j’étais déjà loin de ma famille (elle est originaire des Hautes-Pyrénées). Là, avec le décalage horaire, c’est plus difficile de les joindre. Et la dernière chose, c’est le gigantisme. Ici, tout est énorme. A Nice, même si c’est une grande ville, j’avais mes petits commerçants, mon petit café. Je n’ai pas retrouvé ces habitudes-là. Berkeley, c’est une ville étudiante, avec un campus énorme.
Vous resterez encore un an aux Etats-Unis...
Oui, il me reste une année universitaire. Après? Je rentrerai en Europe, mais je pense arrêter mes études et rester focus sur la natation jusqu’aux JO 2028 (à Los Angeles).
Avec une étape importante: les championnats d’Europe à Paris en 2026?
Bien sûr, c’est un objectif que beaucoup de nageurs français ont en tête. En plus, on sera quatre Français par épreuve. ça ne sera pas la même ampleur que les Jeux, mais représenter notre pays à domicile, ça sera quelque chose de très intense.
Qu’est-ce qu’il reste des Jeux en France?
Deux semaines après les Jeux, j’étais aux US. Je n’ai pas eu le temps de réaliser que je les avais faits, car je devais déjà me réadapter à mon nouveau pays. Tout changeait, je devais me reconstruire une vie. Mais j’ai connu un contrecoup en novembre-décembre, heureusement assez court. Pourtant je n’ai pas eu de médaille, mais la redescente après-JO n’est pas facile. C’était tellement intense et l’aboutissement de quatre ans de travail. Il fallait retrouver un objectif et l’envie, ce n’était pas facile. Heureusement, j’étais bien entourée et j’ai vite retrouvé goût à la natation.
Nice Matin